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Fair Rosamund, Arthur Hughes |
Mon dieu, acceptez sans faillir
La requête des écorchés
Qui par erreur ont du subir
Le supplice des condamnés
Si vous ne les jugez pas dignes
Au firmament brûlez-les vif
Mais par pitié un simple signe
Et je me noie sur vos récifs
Un pater au creux de la main
Les bras en croix dans la douleur
Par la ferveur, j’implore en vain
L’absolution de votre cœur
La bise déchire ma chair
Comme le glas sonne l’enfer
Sous les icônes en suspension
Brille le fard de la passion
Puis soudain c’est le bruit des pas
Qui intercepte ma prière
Et me déporte en un éclair
Vers le tombeau de leur trépas
A l’aube blanche éclate alors
Une révolte assourdissante
Où chaque mot inspire encore
L’acceptation de ton pardon
Sous la chaleur endolorie
Les blés jaunis sont alanguis
Quelques lézards sur le chemin
Puisent les forces du terrain
A l’horizon émerge enfin
La maison blanche et ses parfums
Quelques pensées dans les allées
Pour accueillir les initiés
Sur cette terre où j’ai vu naître
Un soir d’été sous mes fenêtres
Une déesse au regard pâle
Un don du ciel sous les étoiles
Une permission pendant la guerre
Et je retrouve mes arrières
Quelques instants de solitude
Pour effacer les habitudes
Déjà j’entends couler le temps
Comme une feuille échappe au vent
Déjà j’entends sonner l’assaut
Comme un cancer au fond des os
Et je me berce dans tes bras
Pour oublier tous ces combats
Et je me noie dans ton sourire
Où je grave mes souvenirs
J’ai vu la peur sur ton visage crispé
Endolorir tes sens et faire vibrer les miens
J’ai vu la terreur plantée au fond des yeux
Comme un pic de glace aux reflets bouillonnants
J’ai cru un instant libérer les arcanes
Et faire jaillir les émaux ruisselants
J’ai cru voyager au creux de ton âme
Et piéger le néant dans son ambiguïté
J’ai affronté les charmes des sirènes d’antan,
Vaincu les cerbères aux frontières de la mort
J’ai affronté ton regard au moment du trépas
Comme on défie les dieux, comme on renie sa foi
Puis je me suis assis à l’orée du silence
Pour entendre l’opus de mon cœur en furie
Où sombrent les saisons après la nuit d’orage
Où naissent les volcans dans leur écrin de lave
Je suis sous le charme.